On vit décidément une époque formidable

Ces jours-ci, les médias ont annoncé que le pétrolier Total a réalisé un bénéfice net de 6,5 milliards d’euros au 3e trimestre 2022. Soit +43% par rapport à 2021. 
Pendant ce temps, ses salariés sont en grève pour l’obtention de quelques pourcentages d’augmentation de leurs salaires.
Alors que leurs actionnaires se gavent, c’est la soupe à la grimace pour ceux qui font tourner la boutique. Des accords avec des syndicats bienveillants, mais on sait pour qui,  ont  eu comme effet de couper l’herbe sur le pied des revendications du plus grand nombre. Côté entreprise, des éléments de langage ont été fournies à la presse, comme quoi le salaire moyen chez Total est de 5000€ . Ce qui est évidement faux. 
Finalement que retient le Français moyen, bien éduqué par une télévision  qui a façonné leurs esprits depuis sa création dans les années 1950, que ces salariés sont des enfants gâtés et qu’ils en veulent toujours plus en travaillant moins. Tous des fainéants entends-on , ici et et la  surtout chez « tous ces prétendus hommes politiques qui sont les pions, les cavaliers, les tours ou les fous d’une partie d’échecs qui se jouera tant qu’un hasard ne renversera pas le damier. » disait Honoré de Balzac.
Parfois il y a des informations qui s’entrechoquent. Le pétrolier Total a été condamné  cette semaine  à Paris à 500.000 euros d’amende pour corruption en marge de la signature d’un contrat gazier en Iran il y a vingt ans, une peine bien inférieure à la spectaculaire confiscation de 250 millions d’euros demandée par le parquet. La multinationale a été reconnue coupable de « corruption d’agent public étranger« , en l’occurrence un fils de l’ancien président iranien Rafsandjani, Mehdi Hachemi Rafsandjani, alors haut placé dans le secteur pétrolier public iranien, entre 2000 et 2004. Le tribunal correctionnel l’a condamnée pour avoir versé pendant cette période 30 millions de dollars de pots-de-vin liés à l’obtention en 1997 d’un énorme contrat concernant le champ gazier de South Pars, dans le Golfe, sur fond d’embargo américain.

Autre nouvelle fort réjouissante,  la très estimable Commission Européenne évalue la corruption en France à 120 milliards d’euros par an. 
En France, la fraude fiscale détectée est de 13, 7 Milliards d’euros et celle estimée est comprise entre 80 et 100  milliards d’euros. Quant à la fraude aux cotisations sociales détectée à 724 millions d’euros, elle est estimée  entre 6, 8 et 8, 4 milliards d’euros. 
Des chiffres que certains éditorialistes laudateurs et bien connus relativisent.  Il est dur parfois d’accepter la réalité quand on fait partie du problème.

Le président de la République dans son allocution à justifié par le refus d’indexer les salaires sur l’inflation par sa volonté de ne pas déclencher une boucle prix-salaires. 
Le refus de l’indexation des revenus du travail sur l’évolution des prix ne s’explique que par une raison : en l’absence d’indexation des revenus du travail sur les prix, on valide le fait que le coût de l’inflation soit supportée par les travailleurs et non par le capital. En la refusant, on valide donc une répartition du revenu global particulièrement défavorable aux travailleurs.

Enfin selon une étude de l’institut de sondages Ipsos réalisé entre le 16 et 20 septembre  2022, 94% des Français sont mécontents ou en colère. Les difficultés en termes de pouvoir d’achat (hausse des prix, salaires, impôts…), la protection de l’environnement (réchauffement climatique, biodiversité, pollution, etc.) et l’avenir du système social (santé, retraites…), sont les trois priorités des Français. 

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