Un bonheur encadré et de courte durée

Est-ce que les influenceurs numériques ont un impact sur le comportement des individus qui les suivent ?
La réponse est claire : oui, car ceux-ci peuvent modifier les processus de consommation de ce public cible. 


« Les influenceurs sont en effet souvent conseillés par des entreprises intéressées à investir, projetant une plus grande montée face au grand nombre d’adeptes, et qui peuvent visualiser et consommer de tels produits et modes de vie. Plus la projection de l’influenceur est élevée et avec plus d’entreprises offrant un soutien, plus ils deviennent conseillés par les professionnels du marketing, étant davantage assistés dans la création et la maintenance de contenu qui dicte les concepts de ce qu’est le bonheur » explique la psychologue Liliane Alcantâra de Abreu (1)

Un bonheur bien encadré car ces chouchous du commerce en général et de la grande distribution en particulier, sont la nième courroie deceux qui dirigent cette société vers la dépendance ?
De prime abord, les influenceurs s’inscrivent déjà dans l’assujettissement au système car ils donnent lieu à une exposition personnelle intense, devenant de fait le principal produit de consommation, générant ainsi le désir chez ceux qui les suivent de faire de même : d’être les prochaines cibles du succès. 
« Par conséquent, lorsqu’un individu du public cible s’identifie à un certain influenceur, et même désireux d’être ce qu’il est ou d’avoir ce qu’il présente comme un succès, ce sujet acceptera et consommera ce qui lui est offert. De nombreux influenceurs numériques, leurs abonnés et même ceux qui les dénigrent, seraient en symbiose avec trois axes principaux de promotion du psychisme de chacun individuellement et projetés pour le groupe : le narcissisme, la peur de l’exclusion et de l’invisibilité, et la recherche du bonheur » ajoute la psychologue

Actuellement les influenceurs en France sont au nombre de 150 000 en France dont 74% de femmes. Leur plateforme préférée est Instagram.
Les thèmes dans lesquels ils abondent sont : la mode, la déco, la beauté, les voyages et l’alimentation…


Concernant les rémunérations, qui fluctuent du simple au quadruple, les rapports entre influenceurs et marques, c’est le Far West car aucune grille de salaire n’existe.
Seul le nombre de followers régit l’importance supposée d’un ou d’une influenceuse… Or, il est très facile d’acheter sur la Toile des abonnés factices, les réseaux sociaux ayant peu d’armes à ce jour pour distinguer les « faux » des « vrais » abonnés.
Enfin, la profession d’influenceur, souvent effectuée sous le statut d’autoentrepreneur, ne possède à ce jour aucun cadre juridique.

Être influenceur est rarement un métier à temps plein. Seulement 2% gagnent plus de 50 000€ par an, 29% moins de 1000€/an et 38% rien 

Étant un individu lambda, je me pose la question : à quel stade de stupidité est arrivé l’être humain pour qu’il ne soit pas maître d’une décision le concernant ? 
N’y allons pas par quatre chemins, les influenceurs d’aujourd’hui sont les propagandistes d’hier car ils diffusent une stratégie de communication de masse visant à influencer les opinions, les attitudes, les comportements et les conduites des individus. L’objectif visé peut être de convaincre ou au contraire de dissuader d’agir dans un sens donné (voter, manifester, acheter, etc.) ou, plus largement, de conduire les individus à se conformer à une certaine vision du monde ou à certaines normes de comportement en société. 
Les influenceurs exploitent ainsi les caractéristiques techniques du numérique à des fins de manipulation.
Comme évoqué précédemment, ce qui est  tragique pour le plus grand nombre, ce qu’ils en vivent  plutôt mal. 
Alors que les applications d’intelligence artificielle (IA) se développent à la vitesse grand V, on peut supposer que celles-ci prendront le relais.
Les influenceurs d’aujourd’hui auront ouvert ainsi la voie et constitués les bases de données afin que ces applications ne vous imposent, à leur tour, leurs choix.   
Cette « profession » disparaîtra et ceux qui en vivent seront jetés comme des kleenex par ceux qui les auront bien essorés et exploités

(1) ABREU, Liliane Alcântara de. Et al. Les influenceurs numériques et l’image de soi en tant que produit du comportement des consommateurs. Revista Científica Multidisciplinar Núcleo do Conhecimento. Année. 07, éd. 01, Vol. 05, p. 05 à 33. Janvier 2022.

Photo de Liza Summer sur Pexels.com
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