Le revenu de solidarité active (RSA) assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer.
Le RSA est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes d’au moins 25 ans, ainsi qu’aux jeunes actifs de 18 à 24 ans s’ils sont parents isolés ou justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle.
Fin septembre 2021, le nombre de bénéficiaires du RSA était estimé à 1,91 million de foyers. Le montant total engagé était de près de 2,9 milliards d’euros, poursuivant la diminution amorcée à la fin de l’année 2020, selon la Caisse nationale d’allocations familiales.
Or il se trouve qu’Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession, a proposé le 17 mars une réforme du RSA avec « un meilleur équilibre des droits et devoirs » et « l’obligation de consacrer 15 à 20 heures par semaine » à une activité facilitant l’insertion professionnelle.
Pour rappel, le RMI (revenu minimum d’insertion), ancêtre du RSA, créé en 1988, n’a rien d’un « cadeau » mais constitue un filet de sécurité, conçu pour obéir à une exigence à valeur constitutionnelle, selon laquelle « tout être humain qui, en raison de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».
Le RSA constitue ainsi un acte de solidarité et de protection indispensable, en particulier pour ceux qui ne peuvent travailler, en raison de difficultés personnelles ou du fait de la conjoncture actuelle. « Pour les personnes au RSA qu’on accompagne, travailler, avoir une activité comme vous dites M. Macron , elles en rêvent ! Mais pour un salaire qui leur permet de vivre dignement. » réagit le Secours populaire.
De son côté, Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, rappelle que le RSA « ne permet pas de vivre, mais de survivre« , et indique ainsi que les membres de la Fédération demandent une revalorisation de cette allocation.
« Si c’est un travail, dans ce cas, il doit être rémunéré à hauteur du Smic, s’il s’agit de formation ou de disposition d’insertion, il faut des moyens » insiste-t-il.
Dans son rapport sur l’état de la pauvreté en France 2020, le Secours Catholique souligne la part prépondérante des dépenses contraintes (loyers, charges, crédits, assurances, frais bancaires) dans le budget des personnes et familles qu’il accueille.
Une fois leurs frais fixes payés, la moitié de ces ménages disposent de moins de 9€ par jour et par personne pour couvrir leurs dépenses d’alimentation, d’habillement, d’ameublement ou de loisirs. Et un quart d’entre eux disposent de moins de 4€.
« Ce sont plus de 4 ménages sur 10 qui sont dans l’incapacité de couvrir leur dépense alimentaire quotidienne », précisent les auteurs du rapport.
« Au RSA, on devient fou », assure sur le site du Secours populaire, Franck M., 41 ans. Père d’un adolescent de 17 ans. Sans permis de conduire, il n’a pas trouvé de travail, à part quelques « boulots » chez des agriculteurs du coin. À 38 ans, il a dû retourner habiter pendant deux ans chez ses parents et vivre du RSA. « C’est un coup de pouce, admet-il. Mais ce n’est pas bon pour la tête, car avec 500 euros, tu ne peux rien faire, tu tournes en rond ». De son côté Marie-France s’est retrouvée dans cette situation. « Je prenais un seul repas par jour si je voulais que mes deux filles mangent », explique-t-elle. Et elle n’avait d’autre choix que récupérer des colis alimentaires, souvent sans produits frais, ni poisson, ni viande.
Sans se prendre pour l’oracle de Delphes, reformer le RSA dans le contexte économique que nous vivons, pourrait conduire à certaines dérives.
Faire travailler quelqu’un pour moins de moins de 7€ de l’heure pourrait inciter les employeurs à remplacer les emplois nécessitant peu ou pas de diplôme, normalement payés au SMIC, par des bénéficiaires du RSA.
Cette hypothèse existe déjà notamment avec les stages en entreprise censés bénéficier aux étudiants. Ceux-ci permettent de remplacer et de mettre en concurrence les jeunes arrivants sur le « marché du travail » par des stagiaires dociles et sous payés. L’une des conséquences de ces faits est de permettre de faire baisser les salaires à l’embauche de ces jeunes, ainsi que leur capacité de négociation et d’exigence, et donc, à moyen terme, de faire baisser le revenu des travailleurs en général.
Autre exemple démontrant cette prévision : les services civiques, dispositif créé en 2010 par Martin Hirsch sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dispositif censé favoriser « l’engagement de citoyenneté » des « jeunes de 16 à 25 ans » mais qui font en réalité passer pour du volontariat la situation de jeunes qui, ne trouvant pas de travail n’ayant même pas encore l’âge pour toucher le RSA, sont donc obligés d’accepter de travailler pour 473€ par mois.
Dans cette future reforme, promesse de campagne, je me répète mais pourquoi voudriez-vous qu’un employeur désirant embaucher paierait le salarié au SMIC, quand il pourrait avoir quelqu’un pour 7€ de l’heure ? Faire travailler 20h par semaine revient à trouver chaque mois 160 millions d’heures de travail. D’après-vous, où trouvera-t-on ces heures ? Où sont-elles alors que partout on cherche du boulot ? La réponse est simple : chez ceux et celles qui travaillent déjà.
Transformer le RSA en un salaire en-dessous des minimas sociaux ne vise pas que les personnes au RSA mais l’ensemble des salariés en participant à une baisse généralisée des salaires. Cette réforme, si elle avait lieu permettrait de renforcer une fois de plus le rapport de force en faveur des employeurs.

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