Un jour, un auteur : Bertolt Brecht

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu » expliquait Bertolt Brecht.
Ce dernier né Eugen Berthold Friedrich Brecht, est un dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète allemand.

D’origine bourgeoise, il entame des études de philosophie puis de médecine à Augsbourg. Mobilisé à la fin de la Première Guerre mondiale comme infirmier, l’horreur de la guerre a, comme pour les surréalistes français, une grande influence sur lui. 
Ses trois premières œuvres révèlent son côté anarchiste : « Tambours dans la nuit » en 1919 (prix Kleist en 1922), « Spartacus » et « Dans la jungle des villes« .
Engagé comme conseiller littéraire en 1923 à Munich puis à Berlin en 1924, il rejoint le Deutsches Theater de Max Reinhardt, avec l’actrice Hélène Weigel, qui monte ses pièces. 
Ces œuvres provoquent une polémique, jusqu’à ce qu’il crée « L’Opéra de quat’sous » (musique de Kurt Weill), un des plus grands succès théâtraux de la république de Weimar.

Bertolt Brecht épouse Hélène Weigel, et devient marxiste. L’arrivée au pouvoir des nazis les force à quitter l’Allemagne en février 1933, après que leur domicile a été perquisitionné. 
L’œuvre de Brecht est interdite et brûlée lors de l’autodafé du 10 mai de cette même année.

Il parcourt l’Europe, et en juin 1933 s’installe au Danemark. En 1935, le régime nazi le déchoit de sa nationalité allemande. Forcé à la fuite en 1939, il s’installe en Suède puis en Finlande, puis, après une traversée en bateau au départ de Vladivostok, il s’installe en Californie en 1941. 
Durant cette période, il écrit une grande partie de son œuvre dont « La Vie de Galilée« , « Mère Courage et ses enfants« , « La Résistible Ascension d’Arturo Ui« . 

Parallèlement, il travaille à Hollywood. Chassé des États-Unis en 1947 en raison du maccarthysme, il se rend en Suisse. 
C’est grâce aux Tchèques qu’il peut rejoindre la RDA. Il termine sa vie à Berlin-Est. Il choisit une maison qui donne sur le cimetière où, de sa fenêtre, il peut voir la tombe de Hegel. En 1950, il obtient la nationalité autrichienne. Il y décéde le 14 août 1956.

Un extrait d’une œuvre

Mère Courage et ses enfants

Un poème : Éloge de la dialectique 

L’injustice aujourd’hui s’avance d’un pas sûr.
Les oppresseurs dressent leurs plans pour dix mille ans.
La force affirme : les choses resteront ce qu’elles sont.
Pas une voix, hormis la voix de ceux qui règnent,
Et sur tous les marchés l’exploitation proclame :
C’est maintenant que je commence.
Mais chez les opprimés beaucoup disent maintenant :
Ce que nous voulons ne viendra jamais. 
Celui qui vit encore ne doit pas dire : jamais !
Ce qui est assuré n’est pas sûr.
Les choses ne restent pas ce qu’elles sont.
Quand ceux qui règnent auront parlé,
Ceux sur qui ils régnaient parleront.
Qui donc ose dire : jamais ?
De qui dépend que l’oppression demeure ?
De nous.
De qui dépend qu’elle soit brisée ?
De nous.
Celui qui s’écroule abattu, qu’il se dresse !
Celui qui est perdu, qu’il lutte !
Celui qui a compris pourquoi il en est là, comment le retenir ?
Les vaincus d’aujourd’hui sont demain les vainqueurs
Et jamais devient : aujourd’hui.

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