La République doit être : « Culture »

Le discours prononcé en septembre 1931 par Féderico Garcia-Lorca lors de l’inauguration d’une bibliothèque du peuple à Fuente Vaqueros près de Grenade est tellement d’actualité, qu’Actu-Vénissieux vous le fait partager.
Cet immense poète espagnol fut assassiné en août 1936 par les sbires de la dictature franquiste. Il est tellement facile pour des incultes de faire taire l’intelligence pour imposer leur soif de pouvoir et de fric.
« Quand une personne va au théâtre, à un concert ou une autre fête de quelque nature que ce soit, si la soirée est à son goût, elle pense immédiatement aux gens qu’elle aime et regrette qu’elles ne soient pas présentes… C’est cette mélancolie que je ressens, non pas pour gens de la famille, car ce serait petit et mesquin, mais pour tous les êtres qui, par manque de moyens, ou par malchance, ne jouissent pas de ce bienfait suprême : la beauté qui est vie, qui est bonté, qui est sérénité, qui est passion. C’est pourquoi, je n’ai pas un seul livre, parce que j’en offre autant que j’en achète, un nombre infini, et c’est pourquoi, je suis ici, heureux d’avoir l’honneur d’inaugurer cette Bibliothèque du peuple, la première sans doute dans toute la province de Grenade. L’homme ne vit pas seulement de pain. Moi si j’avais faim et me trouvais démuni et à la rue, je ne mendierais pas un pain, je mendierais un demi-pain et un livre. Et je dénonce ici violemment ceux qui ne parlent que de revendications économiques, sans jamais mentionner les revendications culturelles que les peuples réclament à cor et à cri. Ce qu’il faut c’est que tous les hommes aient à manger, mais aussi que tous les hommes aient accès au savoir. Qu’ils jouissent de tous les fruits de l’esprit humain, sans quoi, on les convertit en machines au service de l’État, en esclaves d’une organisation sociale terrible.
Je plains beaucoup plus celui qui veut savoir, et ne le peut pas, qu’un affamé. Car un affamé pourra toujours calmer sa faim avec un morceau de pain ou quelques fruits, mais un homme qui a faim de savoir et n’en a pas les moyens endure une terrible agonie parce que ce sont des livres, des livres, de beaucoup de livres qu’il a besoin…La devise de la République doit être : « Culture ». Culture d’elle seule viendra la solution aux problèmes dans lesquels se débat aujourd’hui empli de foi, mais privé de lumière
. »

Discours extrait du livre Lucero ou la vie fulgurante d’Anibal Malbar aux éditions Asphalte.

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